David Ayoun
Professeur en Nouveaux médias
Enfant de la « créolisation », David AYOUN développe un travail interrogeant la transformation du corps et de ses perceptions dans son rapport à la technique et à la mémoire. Sa pratique se situe à la bascule de l’image et de la danse, du langage et de l’inconscient, du rite et du rêve. A travers un principe de déplacement sensible et burlesque, il déploie la fragilité de gestes simples ou virtuoses, informes ou archaïques.
Ses installations sont pensées pour habiter les architectures. Le spectateur y est sollicité dans son attention, ses perceptions, sa conscience corporelle et sa mobilité. Il accorde au cadre, à l’espace, à la temporalité et au son une attention particulière, privilégiant toujours leur dimension in-situ. On retrouve ainsi cette approche dans ses installations performatives notamment avec le projet Inde in situ (2007), constitué d’interventions éphémères dans l’ensemble du campus de la Faculté d’Arts de Vadodara, en dialogue avec son architecture et ses logiques de circulation ; ou bien la projection vidéo monumentale L’Homme Approximatif (2010) sur le beffroi de la ville de Beaune, dans laquelle les jambes de l’artistes filmées semblent soutenir l’architecture tels de monstrueux piliers mouvant ; ou encore plus récemment First Contact - Vertical Variation n°B.2 (2020), qui reprend la forme et l’échelle de l’élément architectural principal du lieu dans lequel il est exposé pour proposer une expérience interactive située.
L’interactivité est également au coeur de l’oeuvre numérique Danse /// Fragment (2015) produite par Le Fresnoy, Studio national. Mais cette oeuvre est surtout le point de départ d’un axe de recherche interrogeant notre inter-relation à la technologie : comment la technologie nous façonne en même temps que nous la façonnons. Ainsi, depuis 2016, il développe cet axe avec Esther Mollo (interprète, metteur en scène et chorégraphe), à travers notamment la recherche Le Corps Utopique (2016) et le projet de performance-installation Les Ruines Circulaires, Archéologie d’une disparition (2022).
Tourné en Inde, son court-métrage Deha Vānī, La Parole du Corps (2014), produit par Le Fresnoy, Studio national, prend naissance dans une réelle histoire d’émancipation pacifique d’une communauté indienne. Le film raconte à travers des poèmes chantés en Gujarati, le chemin initiatique d’un homme en lutte avec ses fantômes, dans une relation animiste à la nature. Ce premier film, hommage à un certain cinéma asiatique, apparaît comme une synthèses de ses préoccupations mêlant arts visuels, cinéma, performance, danse et musique.
Ses diverses collaborations avec artistes, chercheurs, chorégraphes, compositeurs ou programmeurs participent justement à cette « créolisation » de son projet artistique.